La multi-instrumentiste et chanteuse toulousaine Suzanne Belaubre a sorti le 12 mai dernier son album intitulé Miroirs. Elle rentre tout juste de trois dates à Montréal pour le festival M et termine bientôt sa tournée live automnale. Une musique poético-romantique a envahi mon appartement lors de l’écoute de ses sons. Plongeons dans son univers !
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Lise : Hello Suzanne, étant toulousaine, es-tu présente sur la scène toulousaine ? Es-tu représentée là-bas ?
Suzanne Belaubre : Oui bien sûr ! Mon tourneur est basé à Toulouse, c’est Klakon Prod. Niveau scène toulousaine, je connais bien Lombre. Je suis vraiment représentée à Toulouse et vis à Montreuil dans la maison de famille. Je travaille avec le dispositif Chez Dupont à Toulouse qui est un coworking dédié aux entreprises du secteur culturel. C’est notamment les nouveaux locaux de Bleu citron !
Lise : Ton projet commence à se développer à Paris également ?
S.B. : A Paris, je suis chez La Souterraine. Nous travaillons ensemble depuis 6 ans.
Lise : Tu es multi-instrumentiste, quelle est ta formation ?
S.B. : J’ai commencé la MAO à l’âge de 16 ans sur Garage Band, c’est comme ça que je faisais de la musique expérimentales en anglais au début. Niveau instrument, j’ai commencé le piano à l’âge de 6 ans et à composer à l’âge de 10 ans. J’ai directement ressenti que c’était un moyen de m’exprimer introuvable ailleurs. Je fais aussi de la basse. En terminale, j’avais 5 groupes ! (rire) J’ai même joué dans la salle Le Bikini à Toulouse pour le concours Emergenza.
En venant faire mes études à Paris où j’ai fait l’American School of Modern de Paris, j’ai commencé à m’intéresser au jazz. J’y suis restée pendant deux ans avec des professeurs américains. En parallèle, je me suis fait un réseau dans la musique par ce biais-là. Par la suite, j’ai intégré le Conservatoire du 17ème pour apprendre la MAO, ça m’a aidé à évoluer dans mes skills de prod ! Mon but depuis toujours est de mêler la chanson et la musique électronique. J’ai mis du temps à y arriver car je faisais de la musique électronique perchée en anglais ! (rire)
Lise : Tu as donc composé tes derniers morceaux ?
S.B. : Pour mes prod, j’ai été tout de même accompagnée par Julien Bousquet qui est un réalisateur/producteur toulousain. J’ai fait tous mes arrangements avec lui. D’abord en studio et ensuite chez lui, derrière son ordinateur. Pour l’anecdote, nous avons enregistré dans le studio de Nino Ferrer situé dans le lot ! C’est un superbe studio qui est tenu par son fils.
« L’album Miroirs est vraiment une introspection, l’image d’une femme qui se perd dans ses reflets. Le fil rouge est en quelque sorte la recherche de soi. »
Suzanne Belaubre
Lise : En 2021, tu as sorti une mixtape avec ton projet DIY qu’avais-tu en tête ?
S.B. : Au début je sortais les titre au fur et à mesure sur les réseaux sociaux en annonçant que c’était des morceaux jamais sortis. La Souterraine m’a rapidement conseillé d’en faire un album. C’était au final une excellente idée car j’ai eu des retombées très encourageantes dans Télérama et Libération. Je l’ai appelé DIY car c’était le moment où je voulais casser les codes, j’en avais marre que l’on me dise quoi faire et comment. Je me suis donc dit que j’allais le faire seule. J’ai enregistré cet album chez moi dans ma chambre. Je l’ai mastérisé sur souncloud car il y a un mastering à 6€ ! (rire)
Lise : Comment définirais-tu ton univers ?
S.B. : Je trouve souvent mon inspiration dans des prises de conscience de mes états intérieurs. C’est souvent lié à l’amour mais il peut y avoir d’autres thématiques. Je suis tournée vers l’imaginaire, j’aime bien la notion de féerie. Dans mon prochain album, je vais essayer de parler plus de la nature, de trouver un moyen pour sensibiliser les gens à l’écologie.
Lise : Tu as sorti ton album Miroirs en mai dernier, quels messages cherchais-tu à faire passer ?
S.B. : Je voulais que Miroirs soit à la fois féminin, badass, fantastique mais positif !
Lise : J’ai eu un coup de cœur pour Bonnes désillusions qui parle du fait de grandir et de se confronter à des désillusions, as-tu vécu ce moment ?
S.B. : Cette chanson parle de cet esprit enfantin qu’on a en nous. J’explique que c’est la bonne désillusion qui évite le syndrome de Peter Pan. Elle parle aussi de déconstruire les croyances limitantes que l’on peut avoir.
Lise : Sur les différents titres qui composent Miroirs, qu’as-tu voulu aborder comme thématiques ?
S.B. : L’album Miroirs est vraiment une introspection, l’image d’une femme qui se perd dans ses reflets. Le fil rouge est en quelque sorte la recherche de soi. Je vais commencer par te parler du titre Alice Alice. Ce sont des paroles répétitives et un peu incompréhensibles. Je voulais que la musique ait des échos dans le corps. J’ai encore du mal à assumer ma féminité et notamment ce que cela représente. C’est la force du féminin dans cette chanson. Aube est un morceau court et progressif et parle de la décroissance. Le fait de partir marcher à contre-sens du cortège. C’est pour aller à l’inverse de cette notion de progrès permanant. Revoir ses idéaux, revoir ses buts. Il y a la perte de l’identité dans C’est rien. Ami imaginaire est une illusion qui vient nous booster en temps de down. Avec Contact, je voulais parler d’une meuf qui scrolle sur un réseau social et attend de l’être aimé une réponse qui n’arrive pas. On a tous vécu cette histoire ! (rire) Dans le refrain, je parle d’être dans le silence et d’avoir son portable qui dort à côté de soi. Le dernier morceau de l’album est Le bruit, ce morceau est la machine qui redémarre. Il fait prendre conscience d’un truc : ce qui perturbait tout depuis le début est la peur du bruit de son propre cœur. Chaque morceau représente au final un reflet dans le miroir.
« Je trouve souvent mon inspiration dans des prises de conscience de mes états intérieurs. C’est souvent lié à l’amour mais il peut y avoir d’autres thématiques. »
Suzanne Belaubre
Lise : Il y a un personnage sur la pochette de l’album, il te représente ?
S.B. : C’est bien moi ! C’est une photo que mon père a prise de mon visage en gros plan. On a envoyé cette photo à Lola Dupre, une artiste qui fait du collage. Je trouvais ça drôle de mettre une photo de moi déformée en pochette d’album !
Lise : Quels sont tes projets à venir ?
S.B. : J’ai donc sorti un mini-album en mai dernier intitulé Miroirs et je vais terminer ma tournée live d’automne. Les dernières dates françaises sont : le 30 novembre au Metronum à Toulouse pour Les femmes s’en mêlent en ouverture de Joanna et Silly Boy Blue, le 1er décembre à Paul B (en région parisienne) en ouverture de Voyou. Je jouerai également le 29 janvier 2024 au Pop Up du Label en ouverture de mon amie Amaurie pour sa Release Party. En parallèle, je travaille sur un single réalisé entre autre dans des studios à Montréal avec Félix Petit (Les Louanges, Hubert Lenoir).