Fiona Walden signe son grand retour avec deux titres aux sonorités électroniques : Parties et Brûler le temps. Fiona a notamment collaboré avec Apollo Noir (Silly Boy Blue, Jeanne Added) et Gaëtan de Pony Pony Run Run pour son prochain EP. A suivre…
Lise : Hello Fiona, peux-tu te présenter ?
Fiona Walden : Je suis Fiona Walden, autrice, compositrice, productrice et interprète, et je fais de la musique pop. J’ai commencé en 2015 avec un premier EP qui s’appelle Wanted, c’est un projet qui avait une esthétique plus folk à l’époque. J’ai ensuite sorti un second single en 2017 et, la même année, j’avais remporté le coup de cœur du Chantier des Francofolies.
Seulement, peu de temps après cette période, je me suis rendue compte que ce projet ne me correspondait plus trop. J’aime être droite dans mes bottes, donc j’ai vraiment pris du recul pour réfléchir, j’ai quitté Paris, j’ai fait pas mal de sound design, j’ai exploré d’autres univers. Jusque-là, je travaillais en duo sur la partie écriture, composition et production, et c’est seulement quand j’ai commencé à expérimenter le sound design, que je me suis retrouvée seule devant un logiciel. Ça m’a permis d’explorer ce que je n’avais jamais exploré en solo.
Lise : Peux-tu expliquer ce qu’est le sound design ?
F.W. : C’est créer des sons et bruitages pour habiller les vidéos. J’en ai fait pour des marques et des magazines, c’est des commandes en fait. Souvent, t’as un brief et un moodboard, ou alors un réalisateur qui te laisse carte blanche, mais c’est plus rare.
C’est assez intéressant comme travail, parce que tu crées, mais dans la contrainte. Ça permet d’aller dans des univers créatifs qui ne sont pas les tiens à la base.
En faisant ça, ça m’a vraiment ouvert les portes d’endroits ou de productions dans lesquelles je ne serais jamais allée, de concevoir des sons plus électroniques, que j’ai vraiment pu façonner.
Tout ça m’a permis de retrouver cette envie d’écrire et de composer. Petit à petit, un nouveau projet s’est développé, avec une esthétique plus électronique, plus pop, et pour la première fois en français.
Lise : Et qu’est-ce qui t’as plus dans le sound design ?
F.W. : Ce qui était bien à ce moment-là, c’est que, pour la première fois, je n’avais plus à créer pour moi, et je n’avais plus cette pression de devoir mettre mon âme, mon sang et ma sueur. Je suis seulement au service du réalisateur et de la vidéo, et c’était intéressant pour moi de créer de cette façon.
Lise : Un projet t’a marqué en particulier ?
F.W. : Celui avec Givenchy était vraiment cool, c’était une vidéo pour le web et les réseaux sociaux, en collaboration avec Chito, un tagueur. J’ai enregistré une perceuse, une ponceuse, j’ai sorti tous les outils (rire), ça m’a permis de faire des trucs hyper libres !
Lise : Tu t’es formée par toi-même pour composer ta musique ?
F.W. : J’ai beaucoup appris pendant les quatre ou cinq années à regarder mon ancien producteur et compositeur travailler sur les machines, et le jour où je me suis retrouvée seule devant l’ordi, je me suis rendu compte que je savais tout faire. C’était hyper instinctif !
Lise : Qu’est-ce qui t’a permis de retrouver ce feu sacré pour créer ce deuxième EP ?
F.W. : La création, c’est quelque chose qui prend du temps. J’ai eu envie de prendre le temps pour tester des choses, pour évoluer, pour m’entourer différemment. Il a fallu laisser passer le covid aussi.
Aujourd’hui je travaille principalement avec Apollo Noir, qui a réalisé mon album, avec des mixeurs, masterings… Je trouve intéressant de confronter tes idées pour ne pas être seule avec toi-même.
« Ce sera un EP cinq titres, un journal intime, avec comme fil rouge ce que je vis, ce que je ressens et comment je perçois le monde et mon entourage. »
Fiona Walden
Lise : En novembre 2023, tu as sorti ton dernier single Parties. Pourquoi est-ce le seul titre en anglais et qu’a-t-il de particulier à tes yeux ?
F.W. : Ce titre est une collaboration avec Gaëtan de Pony Pony Run Run. Il a fait une partie de la compo et on a fait la prod ensemble. Apollo Noir est aussi intervenu sur la production finale, sur le beat et la bass. En fait, c’était le dernier titre que je venais de produire, j’avais hyper envie de le sortir. Et avec ces collaborations, c’était comme une nouvelle version de moi, j’avais envie de commencer par ça.
Le second single, Brûler le temps, qui est sorti le 12 janvier, est très différent. C’est vraiment une balade hyper intime, en français, dans laquelle je parle aux personnes que j’ai aimées, aux personnes que j’ai perdues aussi.
Avec ces deux titres, c’est une manière pour moi de baliser mon nouvel univers, en présentant un peu les deux opposés, qui me correspondent autant l’un que l’autre.
Les autres titres de l’EP sont en français, sauf un qui est moitié anglais et moitié français.
J’aborde plusieurs thèmes, par exemple : un morceau sur le fait d’être une femme sans se sentir vraiment femme, un autre sur les personnes qui ne prennent pas le temps d’accueillir leurs sentiments et qui sont déconnectées d’elles-mêmes, ou encore un morceau sur l’envie et le feu qui brûle en soi. C’est un peu le feu sacré que j’ai retrouvé en faisant ce projet.
Lise : Comment s’est passée ta rencontre avec Apollo Noir ?
F.W. : La première prise de contact avec lui s’est faite au culot sur Instagram, je lui avais envoyé des démos parce que j’aimais beaucoup le travail qu’il avait fait sur le premier album de Silly Boy Blue. Il a aussi collaboré avec Jeanne Added, avec Bagarre, et j’aimais beaucoup ces réalisations avant même de savoir que c’était lui derrière ça.
Il a écouté mes démos, il a adoré et a demandé à ce qu’on s’appelle. Ça s’est fait rapidement, on a eu un coup de foudre musical et on a accroché directement. Il comprend rapidement mes idées, avant même que je les explique en totalité, et il arrive à faire mieux que ce à quoi je pensais ! C’est assez fou de travailler avec lui. Il a beaucoup d’expérience, beaucoup de matériel, des vieux synthés qui sortent de superbes sonorités.
Tous les sons sont électroniques et ne pas mettre de guitare était un choix, pour avoir un énorme contraste avec ce que je faisais avant. J’y reviendrai peut-être dans quelque temps.
Lise : Tu as une date de sortie pour ce prochain EP ?
F.W. : À priori il sortira en mars, si tout se déroule comme prévu d’ici-là (rire).
Ce sera un EP cinq titres, un journal intime, avec comme fil rouge ce que je vis, ce que je ressens et comment je perçois le monde et mon entourage.
Je n’ai pas de thème de prédilection, mais j’ai une facilité à écrire la mélancolie. En fait, toutes les émotions fortes sont une source d’inspiration.
Lise : Et tu es accompagnée d’un label ?
F.W. : J’ai mon propre label, j’ai créé ma structure, ce qui me permet d’avoir une liberté totale.
Par exemple, mon ancien producteur me faisait travailler ma voix pour qu’elle sonne assez grave, aujourd’hui je ne le fait plus du tout. Je fonctionne beaucoup à l’instinct maintenant, même dans ma manière d’écrire et de composer.
C’est une charge de travail immense, mais j’adore être en indé, c’est cool !
« J’ai de base beaucoup d’influences rock dans ma culture ; mon Dieu a toujours été Jim Morrison (rire), mais j’ai beaucoup évolué dans le son et ce projet-là est très électro. »
Fiona Walden
Lise : Peux-tu me parler de la DA de tes clips ?
F.W. : Quand je compose, quand j’écris, j’ai déjà une vision cinématographique très forte de ce que je veux. Jusque-là, c’est moi qui ai réalisé mes clips, et je me fais aider par d’autres personnes pour les étapes de prod et de post-prod. Je ne suis pas contre le fait de déléguer ou de collaborer avec quelqu’un sur la réalisation, mais il faudrait que la personne ait une vision qui corresponde à 200% à la mienne. Ou qui soit meilleure. Je ne cherche pas pour l’instant, mais je n’ai aucun doute sur le fait que la bonne personne arrivera quand ce sera le bon moment (rire).
Concernant Brûler le temps, c’est un clip en noir et blanc que j’ai tourné à Étretat. Je danse face aux falaises, avec des mouvements hybrides, assez instinctifs.
Le clip de Parties, c’est davantage un “visualizer”, une “lyric video” comme on dit. Ce sont des images de la nuit qui défilent, avec mon visage en semi-transparence derrière.
Lise : Quelles sont tes inspirations cinématographiques et musicales ?
F.W. : Mes inspirations cinématographiques, ce serait David Lynch, Sofia Coppola (d’ailleurs, ma dernière pochette était inspirée de Lost in Translation), Wong kar-wai. Côté musique, j’ai envie de citer Frank Ocean, Elliott Smith, Barbara, Sébastien Tellier, Rosalia, Billie Eilish, quelques inspirations hip-hop également, comme Kendrick Lamar. J’ai de base beaucoup d’influences rock dans ma culture ; mon Dieu a toujours été Jim Morrison (rire), mais j’ai beaucoup évolué dans le son et ce projet-là est très électro.
Lise : Et la scène te manque ? Tu as hâte de reprendre les lives ?
F.W. : J’ai seulement fait un ou deux petits concerts depuis 2018 et ça me manque, oui, j’ai hâte de ressentir à nouveau l’adrénaline ! C’est un vide à combler, même si tu n’y penses pas consciemment tous les jours, tu sais que c’est là.
La première fois que j’ai expérimenté la scène, j’ai fini en pleurant et j’ai compris ce que je faisais sur cette terre. On peut dire que c’est viscéral !
Lise : As-tu déjà des dates de concert de prévu ?
F.W. : Non, pas encore. Je sors mes titres pour l’instant et je suis encore en train de construire l’image, de tourner les clips… Mais plusieurs dates, dont des festivals, sont en train d’être bookées oui.
Ecrit par Thibaut Ebert