Marine Bollengier est une jeune artiste française plus connue sous le nom de June The Girl. À l’occasion de la sortie de son nouvel EP, je l’ai interviewé dans un bistrot du 15ème. (Quelques semaines auparavant)
© Déborah Dermont
Lise : Qui est June the girl ?
June : Je suis June the girl, la fille parano qui fait l’amour et la gueule. Je suis quelqu’un qui a du mal à sourire à cause de mon parcours de vie professionnel et personnel. Aujourd’hui, on attend beaucoup des femmes : qu’elles sourient, qu’elles soient bien maquillées. J’ai envie de montrer que chaque femme peut être comme elle l’entend. June, c’est l’été. Cela représente la mélancolie comme la joie. J’ai un rapport de dualité en moi que je développe dans ce personnage.
Lise : Pourrais-tu me raconter les 3 souvenirs les plus marquants de ta jeune carrière ?
J. : La première étape est la réalisation de mon 1erEP. J’ai travaillé avec mon premier producteur, Antoine Essertier, qui m’a permis d’être écoutée en radio et de participer à des émissions.
Mon deuxième souvenir est ma rencontre avec Louane sur un évènement radio lors duquel elle m’a proposée de faire ses premières parties. Grâce à elle, j’ai pu faire 10 Zéniths ! C’était génial, je jouais devant 5000 personnes tous les soirs. Elle a un public ultra bienveillant et chaleureux ! Louane a été la belle surprise de mon début de carrière !
J’ai un de mes pires souvenirs qui me revient mais je le trouve très formateur ! C’est justement lors de l’évènement sur lequel j’ai rencontré Louane ! Nous étions à Strasbourg et lorsque je suis montée sur scène en disant : « Le nord, la chaleur du nord m’avait manqué ! », je me suis faite huer par 12000 spectateurs ! Strasbourg est en effet au Nord-est ! (rire) Je me suis excusée sur scène mais ce n’est vraiment pas passé ! A ma sortie de scène, je ne me sentais vraiment pas bien et Louane m’a consolée. Après cet évènement, je me suis sentie plus solide et prête à affronter d’autres tourmentes ! Ce n’est pas ma meilleure expérience mais je trouvais important d’en parler !
Lise : Est-ce que tu peux me parler de ton nouvel EP ?
J. : Mon EP s’appelle I’m The Girl. C’est un EP introspectif, travaillé tout en étant épuré. Cette dualité apparaît également à ce niveau. Il y a 5 titres : I’m The Girl, Lamentable, Cavale au bates motel, Les Reasons Whyet Joker. Je reviens sur des thématiques qui me tiennent à cœur comme mon état mental, ma désillusion par rapport au métier ou encore le fait de grandir. J’essaye de faire ressortir mes souffrances tout en restant dans la dérision et en laissant une note d’espoir.
J’ai voulu coller à notre société actuelle avec notamment le titre I’m The Girlqui parle du problème identitaire, d’être bercé par des stéréotypes et d’avoir une image parfaite sur les réseaux sociaux.
« Aujourd’hui, on attend beaucoup des femmes : qu’elles sourient, qu’elles soient bien maquillées. J’ai envie de montrer que chaque femme peut être comme elle l’entend. »
Lise : Comment a été initié ton projet ? Par quelles embûches es-tu passée ?
J. : Quand j’ai commencé mon projet avec mon ancienne maison de disque, j’avais les sons et voulais faire de la musique pour certaines raisons mais je n’avais pas les clés pour tout mettre en place. Je manquais surtout d’expérience et suivais donc tous les conseils que les professionnels me donnaient.
Comme beaucoup d’artistes, j’étais signée pour un tube. J’ai donc sorti «I say love”, titre diffusé sur de grosses radios. Mon projet retombait alors petit à petit. A ce moment-là, j’ai été déçu car j’avais travaillé dur sur un album qui n’avait plus vraiment de valeur. J’aurais sûrement voulu avoir plus de reconnaissances. Suite à cet échec, je me suis posée mille questions sur mes raisons de faire ce métier. Le besoin de faire de la scène est largement ressorti face au besoin de passer en radio.
Lise : Pour ce nouveau projet, as-tu tout mené de front ?
J. : Pour mon nouvel EP, je suis devenue indépendante et j’ai donc géré mon projet de A à Z ! J’ai développé la stratégie créative accompagnée de personnes qui ont accepté de participer à l’aventure dont Mediaofflineprodpour la réalisation de mon dernier clip et la prise de photos. Une sorte d’alliance s’est véritablement créé ! La pensée positive est primordiale et peut permettre d’aller très loin !
Pour la partie musique, j’ai travaillé avec mon co-auteur du nom de François Welgryn et William Rousseau, mon co-compositeur. Mon producteur, Hervé Benhamou a développé son label BadBoyzCompany pour la sortie de mon nouveau projet.
« Je reviens sur des thématiques qui me tiennent à cœur comme mon état mental, ma désillusion par rapport au métier ou encore le fait de grandir. J’essaye de faire ressortir mes souffrances tout en restant dans la dérision et en laissant une note d’espoir. »
Lise : Quel message souhaiterais-tu faire passer aux lectrices et lecteurs de « La Meuf à Frange » ?
J. : Comme ils ne me connaitront pas, d’être curieux ! (rire) J’espère qu’ils s’identifieront à mes titres. C’est un projet unisexe car les hommes comme les femmes ont une part de féminité en eux.
© Sarah Gotront